NOTES
Auguste Romieu (1800-1855), polytechnicien, d’abord viveur fêtard, commence par donner (ou vendre) des productions alimentaires (manuels de politesse, de gourmandise, vaudevilles). Sans se ranger tout à fait, il entre dans la préfectorale sous la Monarchie de Juillet. Février le consterne – et le destitue. Il se donne (ou se vend) à l’Elysée et publie L’Ere des Césars (1850) mais surtout le fameux Spectre rouge. Le livre était destiné à effrayer les honnêtes gens à l’approche des élections générales de 1852. Mais pas seulement. L’apologie de l’ordre et de l’autorité y prend des accents nouveaux: « Je vous dis, ô Bourgeois, que votre rôle est fini. […] C’est entre le délire furieux des masses et la discipline vigoureuse de l’armée que sera le conflit. Vos livres, vos discours, vos constitutions, vos principes, doivent disparaître, évanouis dans la fumée de ce grand combat. […] L’ordre social a pour unique et réel soutien, non votre ridicule amas de codes, mais le fort rempart, […] ce rempart vivant de robustes cœurs, hérissé de baïonnettes et d’artillerie qu’on appelle l’armée. Là est l’ordre, c’est là seulement qu’il vous sera permis de vous abriter. […] Cette société de procureurs et de boutiquiers est à l’agonie, et si elle peut se relever heureuse, c’est qu’un soldat se sera chargé de son salut. Le canon seul peut régler les questions de notre siècle, et il les règlera, dût-il arriver de Russie. » Au lendemain du coup d’Etat, Romieu est fait directeur des Beaux-Arts! puis inspecteur général des bibliothèques!!